Les Pensées d'une Lycéenne Frappée

Folie

--> Déséquilibre

On a traduit ça par: maturité, crise d'adolescence... Allez. Appelons un chat un chat. Je suis folle, point à la ligne. Vous ne me croyez pas? Je peux le prouver. Enfin... Prouver, peut-être pas. Expliquer, par contre.
Je vais donc vous raconter pourquoi je suis:
1) Sadique.
2) Psychopathe.
3) Paranoïaque.
4) Obsessionelle compulsive.
5) Schizophrène.
Au travail.

Je suis sadique.
Je ne sais pas exactement comment tout cela a commencé. Peut-être en découvrant la signification du mot sexe et tout ce que cela entraînait... C'est arrivé plus tôt que pour la plupart des gens. Cinq ans pour la signification pratique, six pour la compréhension de l'importance que le sexe a dans la vie actuelle... Et qu'il a pris par la suite dans mon imaginaire. Enfin bref. Résultat: alors que mes amies faisaient évoluer leurs princesses de rêves dans un monde sans ennuis, remplis de chevaux et de princes charmants, les miennes se sont retrouvées très tôt à évoluer entre deux meurtres, deux pillages, deux viols. Cela m'a toujours amusée de leur faire subir les pires tourments... Après, par dérivation sans doute, je me suis mise à mêler la réalité à ces inventions... C'est probablement là que mon réel côté sadique débute...
Je ne l'ai jamais dit à personne. Cependant, on s'en est probablement un peu rendu compte... Les autres filles de mon entourage me regardaient de travers quand je leur racontais mes histoires. Cela a probablement contribué à ce que...

Je sois psychopathe.
Le sexe et la mort, deux notions que le psychopathe ne gère pas comme tout le monde. Pour la première notion, voir paragraphe précédent. Pour la mort... Je ne sais pas pourquoi, mais la mort reste pour moi quelque chose d'un peu abstrait.
On meurt peu dans mon entourage. Le frère de ma mère est mort avant ma naissance. Son père, lorsque j'avais quatre ans. Je l'avais vu deux fois. Mon institutrice de CP, des mois après qu'elle eût cesser de nous enseigner, nous laissant dans les pattes d'une remplaçante excécrable. Enfin, mon grand-père il y aura bientôt deux ans. Là aussi, après une longue période sans le voir.
J'ai accepté assez vite la mort de ces personnes. Il m'a fallu une nuit pour me remettre de la perte de cette institutrice. Quelques jours pour mon grand-père. Et encore, c'est complexe. En réalité, mon véritable deuil s'est fait avant sa mort. Après, cela ne m'a quasiment rien fait. La seule chose triste, c'était de voir ma grand-mère pleurer et d'entendre des paroles faussement réconfortantes lors de l'enterrement. Mais je ne suis pas capable de réaliser ce qu'est la mort. Et je ne le saurai probablement pas tant que je ne l'aurais pas vu en face.
Même ma propre mort me semble inimaginable. J'ai l'impression de la sentir lointaine. Je déteste penser que je pourrais mourir bientôt. Pourtant, c'est possible. Mais cette idée me révolte. Je refuse de mourir. Pourtant j'ai failli une fois ou deux. Mais non. C'est encore trop loin.
Mais tuer quelqu'un... Cela me semble presque réalisable...

Je suis paranoïaque.
Aucune raison de l'être, pourtant. Quartier calme, voisins charmants et/ou paisibles, je n'ai jamais été abordé par un inconnu qui me voulait du mal... Pourtant je suis d'une méfiance et d'une lâcheté incroyable. Je ne dors pas sur mes deux oreilles si ma porte n'est pas fermée à doube tour. Si ça ne tenait qu'à moi, j'installerai un verrou sur ma porte. Je regarde d'un sale oeil les passants. Je n'aime pas qu'on me touche, peur que ça dégénère. Peur de rentrer le soir, de prendre un chemin inhabituel. Prenez garde si vous m'abordez dans la rue; ma paranoïa pourrait bien réveiller mon côté psychopathe...

Obsessionelle compulsive.
Me savoir sale me rend malade. Une miette par terre me stresse et m'agace. Une tâche sur le mur me rend complètement nerveuse. Pire: un imprévu dans mon plan et mon emploi du temps me rend malade et peut aller jusqu'à provoquer une crise d'hystérie. Dans ce genre de situation, les tics sont le premiers révélateurs de mon agacement. Je secoue une main sans pouvoir me retenir, sans même le voir. Et puis les deux. Et puis je rentre ma tête dans les épaules. Je ne réponds plus quand on me parle et je ne regararde plus les gens. Sauf quand on insiste. Là je perds complètement mon sang-froid.

Et pour parachever ce beau tableau, je suis schizophrène.
Confondre la réalité avec les rêves... Cela m'arrive souvent... Et puis cela me joue des tours, quand je réalise soudain que non, je n'ai jamais fais cela, que je n'ai jamais parlé de ceci à untel... De quoi me faire perdre les pédales...

Je ne prétends pas médecin, et tout ce que je prétends peut se révéler parfaitement fantaisiste. Et pas si grave que cela puisse le paraître... Mais si, un jour, vous venez me voir, n'oubliez pas de prévenir la police avant...

Ecrit par Kit, le Lundi 20 Septembre 2004, 01:25 dans la rubrique "Quotidien".

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